On ignore si la publication de ce sondage était corrélée à l’octroi d’une subvention de quelques millions d’euros, mais Le Figaro, qui nous avait habitués à un peu plus de mesure, par rapport notamment au Monde, a fait fort dans le délire.
« Le sondage Odoxa, France Info, Le Figaro, Dentsu montre le soutien des Français au projet de loi Macron »
Inutile de commenter ou d’analyser ces chiffres, on est dans la pure sorcellerie. Si ce sondage trafiqué jusqu’à l’os tient lieu d’assentiment du peuple entier (qui n’a pas été consulté, et en ce sens le sondage est une perversion du suffrage universel puisqu’il entend le remplacer au quotidien) alors il n’y a plus rien à faire : la majorité a voté, la loi contre les fake news est populaire, le choix de la paire Macron-CRIF est démocratique, plions-nous à la volonté des « Français ». Enfin, des 1004 Français interrogés.
Odoxa n’aurait pas interrogé les familles des 314 députés LREM ? Avec les conjoints et un ou deux mômes, ça fait le compte, comptez vous-mêmes.
« Mais ces réactions reflétaient davantage le prisme déformant des réseaux sociaux que la réalité de l’opinion publique. Les internautes les plus déterminés avaient obtenu une part de voix très importante dans ce débat. En revanche, l’opinion dans son ensemble est largement d’un avis contraire. C’est l’enseignement majeur du sondage réalisé par Odoxa pour France Info, Le Figaro et Dentsu Consulting. »
En diffusant et en s’associant à ce sondage totalement « fake news », Le Figaro complaît au pouvoir au risque de se couper des jeunes qui justement se méfient des fake news oligarchiques. C’est un calcul à double tranchant. Dans 10 ans, qui va lire le Dassault Daily ?
Nous avons passé en gras les passages de l’article qui nous paraissaient, comment dire, stupéfiants.
79 % des Français favorables à une loi sur les « fake news »
L’annonce par Emmanuel Macron, lors de ses vœux à la presse, d’un projet de loi pour lutter contre les « fake news » en période électorale, a déclenché une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux. Cette agitation pouvait faire craindre un rejet massif de l’idée. En effet, sur les 54.300 messages postés en quatre jours, pratiquement la moitié exprimait un rejet clair du contrôle des contenus par l’État. Le spectre de la censure a largement été agité.
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Selon cette enquête menée sur Internet les 10 et 11 janvier auprès de 1004 personnes représentatives, une écrasante majorité, soit 79 % des personnes interrogées, est favorable à la proposition du chef de l’État.
« 8 Français sur 10 jugent que c’est là une bonne initiative, car il faut mieux responsabiliser l’information sur les réseaux sociaux et les plateformes Internet. Seule une minorité de Français juge à l’inverse que c’est une mauvaise initiative, car cette loi risque de porter atteinte à la liberté d’expression » explique Gaël Sliman, président d’Odoxa.
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Emmanuel Macron a été la victime de « fake news » sur sa supposée homosexualité et sur le fait qu’il se laverait les mains après avoir serré celles d’un ouvrier.
Un jeune sur deux
Au printemps dernier, les Français se sont retrouvés confrontés à la déferlante des « fake news » qui avaient déjà massivement pollué les élections américaines quelques mois plus tôt. Le phénomène est bien là et il inquiète. Le projet de loi avancé par Emmanuel Macron est donc bien en phase avec cette inquiétude. La position de nos concitoyens est claire. Ils font bien la différence entre les propos racistes et haineux, qui font déjà l’objet d’une législation très stricte, et les « fake news » qui échappent encore à l’arsenal légal.
Le sondage d’Odoxa démonte le processus de propagation des « fake news ». Certes, si les Français sont encore 61 % (voire même 78 % si on ajoute les agrégateurs comme Google News) à s’informer via les médias traditionnels qui vérifient leurs sources, Odoxa démontre que 22 % des Français puisent leur information uniquement sur les réseaux sociaux (Facebook, Google et YouTube) ou des blogs.